Jean-Marc Borello
Ashoka Fellow depuis 2008   |   France

Jean-Marc Borello

Groupe-SOS
Au cours des vingt dernières années, Jean-Marc Borello a développé et mis en œuvre de nouvelles pratiques dans le secteur de la santé et des services sociaux, et a prouvé que l'innovation et la…
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IDÉE

Construit sur des activités de lutte contre les exclusions, le GROUPE SOS a su progressivement se diversifier et répond aujourd’hui aux enjeux de la société à travers 5 secteurs: la jeunesse, l’emploi, les solidarités, la santé et les seniors. En plaçant l’innovation sociale au cœur de ses pratiques, le groupe démontre qu’il est possible de bâtir une organisation solide, capable de créer et pérenniser des activités économiques, tout en ayant un fort impact social. Sa mission, permettre à chacun, quel que soit son parcours et ses revenus, d’avoir accès à des services de qualité en lien avec ses besoins essentiels: éducation, logement, inclusion sociale, insertion professionnelle, accès aux soins, accompagnement du grand âge… 

 

IMPACT

Avec 14 000 salariés et 350 établissements, le GROUPE SOS constitue la première entreprise sociale européenne. Plus d’1 million de personnes sont impactées par ses actions chaque année. Il est présent dans 12 régions, 4 DROM COM et intervient dans 35 pays.

 

QUI EST-IL ?

Après avoir été éducateur spécialisé, conseiller à la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie et PDG d’un groupe de PME menant des activités de communication, restauration et hôtellerie, Jean-Marc Borello se consacre, à partir de 1997, à plein temps au GROUPE SOS qu’il a fondé en 1984. Il assure également la vice-présidence du MOUVES qu’il a créé en 2010 et contribue au quotidien à rendre plus visible et crédible le modèle de l’entreprise sociale.

This description of Jean-Marc Borello's work was prepared when Jean-Marc Borello was elected to the Ashoka Fellowship in 2008.

Introduction

Au cours des vingt dernières années, Jean-Marc Borello a développé et mis en œuvre de nouvelles pratiques dans le secteur de la santé et des services sociaux, et a prouvé que l'innovation et la concurrence dans la fourniture de services sociaux peuvent avoir un impact social important grâce à des économies d'échelle. Sa nouvelle façon de fournir des services sociaux a influencé les politiques publiques, et ses efforts créent l'espace juridique et financier nécessaire pour que les organisations citoyennes puissent prospérer et rivaliser avec le secteur des entreprises.

L'idée nouvelle

Grâce à une approche globale de la lutte contre la pauvreté, Jean-Marc transforme le fonctionnement du secteur citoyen et de l'État-providence en France. Les programmes français de santé et de services sociaux traitent traditionnellement la pauvreté comme des problèmes distincts de santé, de logement ou d'exclusion du marché du travail, alors que ces questions sont liées. Jean-Marc est convaincu que la meilleure façon d'aider les personnes marginalisées et à faibles revenus est de comprendre leurs besoins individuels et de leur proposer un ensemble de solutions appropriées, allant de la santé et de la protection sociale à l'insertion professionnelle.

Jean-Marc a créé le Groupe SOS, une holding d'organisations citoyennes qui fonctionne comme un laboratoire pour l'amélioration continue des services sociaux. SOS conçoit, teste, évalue et systématise des programmes sociaux innovants destinés à être adoptés et étendus par le gouvernement français. En amenant son organisation à une taille critique, Jean-Marc permet d'offrir des services et des opérations de haute qualité dans tout le spectre des besoins sociaux, de générer des liquidités pour des investissements permanents et de créer une opportunité d'innovation. SOS est souvent sollicité, notamment par le gouvernement, pour adopter et réorienter des organisations de santé et de services à la personne. Grâce à l'ampleur de ses opérations, à sa crédibilité et à sa reconnaissance dans le secteur social, ainsi qu'à la qualité des services et de l'impact de SOS, Jean-Marc a acquis un important pouvoir de négociation non seulement avec le gouvernement, mais aussi avec les entreprises et les marchés financiers, qui expriment un intérêt croissant pour un partenariat avec lui.

Le problème

Depuis des décennies en France, les gouvernements et les ministères successifs (santé, logement, éducation et famille) ont créé des programmes de santé et de services sociaux éphémères, souvent en désaccord les uns avec les autres. Ce schéma a abouti à une série de programmes inefficaces et coûteux. Dans le domaine de l'insertion professionnelle, par exemple, la France compte des dizaines de réglementations et de programmes qui se sont superposés au cours des trente dernières années. Ces programmes d'insertion professionnelle subventionnés par l'État et les organismes qui les gèrent sont particulièrement déconnectés les uns des autres - ils se font concurrence pour les mêmes groupes cibles et ont souvent un impact limité. Les emplois proposés dans le cadre de ces programmes peuvent être mornes, dans des secteurs tels que la construction, la rénovation et l'enlèvement des déchets, et n'atteignent pas leur objectif de renforcement de l'estime de soi ou de la confiance en soi. En outre, en raison d'un manque de clarté structurelle et de communication entre les différents services, les participants passent souvent d'un programme à l'autre (et bénéficient de diverses subventions à chaque fois), sans construire un parcours d'intégration professionnelle cohérent qui réponde à leurs besoins et à leurs aptitudes.Ces problèmes sont renforcés par une culture gouvernementale qui consiste à gérer les services de santé et les services sociaux selon une approche descendante. Les politiques sont guidées par des enjeux politiques à court terme, des allocations budgétaires et des contraintes, perdant de vue les besoins à long terme des personnes qu'elles sont censées servir. En outre, les décideurs politiques ont tendance à être des bureaucrates ayant une compréhension limitée des communautés marginalisées. En conséquence, les services de santé et les services sociaux semblent fonctionner selon une logique de prestation de services unilatérale, sans se préoccuper de l'efficacité et de la qualité des résultats.En dehors des programmes et services gérés directement par le gouvernement, il existe en France plus de 200 000 OC qui fournissent des services de santé et des services sociaux. Cette fragmentation affaiblit le secteur. En effet, ces petites organisations sont confrontées à d'importants défis : 1) Pour se développer, elles ont besoin de plus de ressources pour soutenir leurs opérations 2) Elles ont tendance à dépendre des subventions publiques et investissent donc beaucoup de temps et de ressources dans les propositions et les rapports aux gouvernements locaux, régionaux et nationaux - elles ne peuvent pas résister aux fluctuations des budgets publics 3) Elles ont tendance à offrir des salaires bas - il est donc difficile d'attirer et de retenir des professionnels talentueux 4) Elles n'ont pas les moyens d'investir dans la recherche et le développement pour améliorer leurs services.En conséquence, ces organisations ne peuvent pas rivaliser avec les groupes privés qui se développent progressivement dans le secteur (c'est-à-dire, Ces organisations ne peuvent donc pas rivaliser avec les groupes privés qui se développent progressivement dans le secteur (c'est-à-dire qui prennent en charge la gestion de groupes hospitaliers, de maisons de retraite et d'autres services de santé et de services sociaux) au détriment des groupes défavorisés.

La stratégie

Jean-Marc a créé le Groupe SOS pour apporter une approche holistique aux groupes à risque et les aider à s'intégrer dans la société. S'il a commencé par les toxicomanes avant d'étendre son action à tous les groupes exclus, Jean-Marc a réalisé qu'il était nécessaire d'offrir un accès commun aux services de santé, au logement et à l'emploi. Le Groupe SOS est structuré autour de trois lignes d'activités complémentaires : SOS Drogue International, SOS Logement et Santé, et le Groupe Aterna (regroupant toutes les activités d'insertion professionnelle), qui s'adressent à des personnes de toutes les tranches d'âge, des nourrissons aux personnes âgées. Toutes les activités sont conçues pour les personnes qu'elles servent et, plus précisément, pour les employer grâce à une variété d'opportunités attrayantes, y compris des entreprises de commerce équitable, l'organisation d'événements et des services de transport de luxe. Une entreprise prospère sous l'égide de SOS emploie des personnes marginalisées pour organiser des événements au Stade de France, la plus grande arène sportive de France située dans le nord de Paris. Même les activités qui n'ont rien à voir avec les services sociaux directs (outre la composante d'insertion professionnelle) servent de source de revenus pour les activités de SOS et pour d'autres investissements.SOS est un incubateur d'innovation et d'amélioration continues. Jean-Marc a conçu le Groupe pour faciliter l'expérimentation et l'amélioration. Le lancement de chaque nouvelle activité suit un cycle très clair : 1) Création d'un groupe de travail et identification d'un chef de projet 2) Expérimentation et amélioration au sein du Groupe SOS 3) Présentation de la méthodologie et des résultats aux principaux acteurs gouvernementaux pour les convaincre de généraliser l'activité. La troisième étape est possible parce que Jean-Marc et ses équipes sont en mesure d'évaluer non seulement leur impact social, mais aussi les avantages économiques liés à la réduction des coûts, ce qui encourage le gouvernement à mettre en œuvre la méthodologie de SOS. Étant donné que le Groupe SOS emploie 2 000 personnes et dispose d'un budget annuel de 120 millions d'euros (159 millions de dollars américains), réparti entre 130 institutions chapeautées par 23 organisations, et que son taux de croissance signifie qu'il doublera dans les trois prochaines années, Jean-Marc consacre beaucoup d'attention au recrutement de professionnels à haut potentiel et favorise un environnement de travail entrepreneurial, en encourageant le personnel à poursuivre ses propres initiatives. Il met également l'accent sur la fidélisation du personnel - un défi dans le secteur social - en encourageant les parcours de carrière et en rémunérant les membres du personnel de SOS bien au-dessus de la moyenne du secteur social, vers l'équivalent des salaires du secteur privé. Cette structure de gestion unique s'aligne sur la vision de Jean-Marc, qui considère le groupe comme un modèle pour le secteur social, avec une diversité d'activités et de sources de financement susceptibles d'être reproduites par d'autres. Jean-Marc applique des principes organisationnels similaires dans sa stratégie de croissance externe, par exemple lorsqu'il absorbe des organisations du secteur social en difficulté d'une certaine taille sous l'égide de SOS. Pour relever les défis internes liés à la croissance de l'organisation à un rythme et à une échelle aussi rapides, Jean-Marc a créé un département de stratégie composé de cinq cadres chargés de rechercher de nouvelles structures de gestion et de canaliser les nouvelles opportunités d'expansion interne et externe.

La personne

Peu inspiré par l'école, Jean-Marc a commencé à travailler avec des adolescents en difficulté issus de milieux défavorisés à l'âge de dix-huit ans, et a dû apprendre à interagir avec certains d'entre eux qui étaient plus âgés que lui ! Il a développé de fortes capacités d'empathie et de relations humaines et a ensuite passé de nombreuses années à travailler dans des programmes de services à la personne en tant qu'éducateur de rue pour les jeunes marginalisés, période pendant laquelle il a pris conscience de l'ampleur de leurs besoins. Jean-Marc a ensuite travaillé au cabinet de Gaston Deferre, le maire de Marseille, et l'a suivi au ministère de l'Intérieur et de la Décentralisation en 1981. Au cours de ces années, Jean-Marc apprend les subtilités du système gouvernemental, développe un vaste réseau de connaissances et découvre les limites des programmes de politique descendante, en particulier dans le domaine de la santé et des services à la personne. Au début des années 1980, Jean-Marc crée SOS Drogue International, sa première organisation, qui deviendra par la suite le premier pilier du Groupe SOS. Pour subvenir à ses besoins, il accepte un poste de PDG d'un groupe d'hôtels, de restaurants et de boîtes de nuit situés à Paris et à New York. Pendant plus de dix ans, Jean-Marc consacre ses journées à ses activités sociales et ses nuits à la gestion d'une entreprise, où il développe ses compétences en matière de management. Au milieu des années 1990, Jean-Marc a décidé de se consacrer à SOS à plein temps et a fait passer le groupe d'une petite association œuvrant pour l'insertion professionnelle d'anciens toxicomanes à un groupe de renommée nationale influençant les politiques publiques, employant des milliers de personnes et ayant un impact sur la vie de millions de personnes. Entrepreneur atypique, Jean-Marc entame une nouvelle étape de sa carrière qu'il appelle « une quatrième vie professionnelle ». Il va concentrer ses efforts sur le renforcement de l'ensemble du secteur social et de la santé. Jean-Marc crée également une banque d'investissement pour le secteur citoyen, et travaille sur un nouveau cadre juridique pour les OC avec un accès au capital et un développement de carrière pour les jeunes professionnels du secteur. Dès le lancement d'Ashoka en France, il s'est engagé auprès des Ashoka Fellows et a développé un lien fort avec l'organisation.