A l'école des Bosquets, on n'est jamais trop jeune pour changer le monde

A l’école des Bosquets, les enfants sont des « bâtisseurs du possible ». Une école où il n’y a pas d’âge pour changer le monde, où on apprend la physique par la création d’une station météo et la grammaire en défendant un projet de loi pour l’environnement.

ecole_des_bosquets.jpg

« Monsieur Viard, vous irez loin dans l’éducation ». Philippe Viard, aujourd’hui directeur de l’école primaire du village d’Epiais-Rhus, se rappelle de ces mots prononcés par un inspecteur lors de sa première semaine d’enseignement, il y a plus de 20 ans. Cette semaine-là avait pourtant mal commencé. Lejeune enseignant, ancien directeur de centre de loisir et professeur de judo, avait hérité d’une salle de classe quasiment vide. Ni armoires, ni étagères pour les livres. Le jour de la rentrée, il avait donc apporté planches, clous et marteaux, et avait lancé aux élèves de CM1 le défi de construire eux-mêmes les meubles de leur salle de classe. L’initiative, vivement critiquée par certains parents, avait conduit à l’inspection qui semble aujourd’hui être l’anecdote fondatrice de sa carrière d’enseignant. Le message qu’il avait voulu transmettre aux enfants ce jour-là était clair : face à la difficulté, il faut oser agir et développer des solutions.

Penser autrement et agir concrètement

Le plus important pour tous les enseignants de l’école des Bosquets, c’est que l’enfant découvre et exploite son potentiel, quelle que soit la nature de celui-ci.

« Réussir à l’école ne veut pas dire réussir dans la vie. A l’école des Bosquets, on apprend aux enfants à penser autrement, à avoir confiance en leur potentiel d’acteurs de la société » explique le directeur.

Pour cela, il faut diversifier les enseignements, et leur donner du sens. Ainsi, à l’occasion de la COP21, il avait été décidé que le thème de l’année serait le climat. Des élèves avaient écrit à tous les chefs d’Etat présents à la conférence internationale. En impliquant les parents, leur texte a été traduit en 35 langues en un weekend, et envoyé à toutes les délégations nationales. Quelques mois plus tard, la classe de CE2-CM1-CM2, qui participait au Parlement des Enfants, avait ensuite écrit une proposition de texte de loi pour encourager les pratiques alimentaires saines et respectueuses de l’environnement. «C’était une formidable source d’apprentissage »explique le directeur de l’école, « lors des phases de préparation, les élèves ont travaillé en groupe, développé des argumentaires, projeté des petits films, puis voté pour le sujet qui leur tenait le plus à coeur. Ils ont travaillé la prise de parole, la grammaire, la conjugaison, découvert des notions de science et d’économie ».

Des élèves épanouis et autonomes

Chaque année, les enseignants, les élèves et les parents choisissent ainsi un thème lié à l’environnement, et développent une myriade de projets : comédie musicale sur le thème de l’eau, collecte de piles, construction d’un nichoir, d’un potager, création d’une station météo... « Nous partons toujours de situations de la vie réelle, desquelles nous tirons des apprentissages qui ont du sens. Les élèves prennent la tête des projets, travaillent en équipe, et sont fi ers de leurs réalisations »raconte l’enseignant.

Il décrit un climat de classe où, de la maternelle au primaire, toutes les initiatives sont valorisées. Spontanément, les enfants suivent leurs intérêts : ils écrivent des poèmes, des textes, jouent de la musique, proposent des projets. Le potentiel de chacun est reconnu et les enfants ont naturellement envie de travailler ensemble et de s’entraider. « C’est une école ou les élèves sont heureux, épanouis, autonomes et conscients de leur position d’élèves. Ils savent pourquoi ils sont là, et veulent non seulement apprendre, mais également agir » explique le directeur de l’école.

Vingt ans plus tard, l’école des Bosquets impressionne toujours ceux qui la visitent. Cependant, il semble que peu de choses soient faites pour encourager ce type de pratiques. L’école des Bosquets et toutes celles qui lui ressemblent doivent recevoir plus de reconnaissance de l’Education Nationale, pour enclencher un mouvement et enfin réussir à chambouler les habitudes et à inventer l’éducation de demain.

Découvrez comment Lola Fouque, ancienne élève des Bosquets, a décidé ensuite de prendre les choses en main au collège ! Elle est intervenue aux Ashoka Talks lors du Changemaker Education Summit.

 

 

L'école des Bosquets fait partie du réseau des Changemaker Schools, créé par Ashoka pour identifier, connecter et mettre en lumière les établissements scolaires qui cherchent à faire émerger la prochaine génération d'acteurs de changement.