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Etre informé
Source: Ashoka

« Être informé, un droit ; savoir s’informer, un devoir ! » - Tribune d'Elsa Da Costa, Ouest France

This article originally appeared on Ouest France

Devenir un citoyen de l’information n’est pas une mince affaire. Distinguer le vrai du faux, penser contre soi, faire preuve d’esprit critique, multiplier les points de vue différents sur un même sujet : voilà autant de routines à pratiquer pour ne pas succomber à la facilité du prêt à penser.

Depuis 40 ans, l’espace informationnel s’est profondément modifié. Il a été rendu pléthorique par la multiplication des canaux de diffusion et leur amplification sur les réseaux sociaux. À tel point qu’un mensonge se diffuse sept fois plus vite qu’une information vérifiée. Chiffre qui fait frémir lorsque l’Unesco annonce qu’en 2023, 60 % de la population mondiale, soit 4,75 milliards d’humains, a utilisé les réseaux sociaux, s’y est exprimée, informée, questionnée.

Bien que la plupart des utilisateurs reconnaissent aisément que les réseaux sociaux incarnent le théâtre de diffusion massive de fausses informations, ces derniers ne voient pas leur fréquentation diminuer. Pire, 51 % des moins de 35 ans affirment faire confiance à un TikTokeur en fonction de son nombre d’abonnés. La confiance dans les médias aurait-elle changé de camp ?

L’heure est grave, mais pas désespérée. Le 6 octobre dernier, les États généraux de l’information ont été lancés sur demande d’Emmanuel Macron. Une de leur mission s’affiche en lettre tricolore sur le site du CESE. Comment lutter contre les manipulations de l’information ? Le chantier est immense pour faire de nous des citoyens de l’information, que nous soyons « professionnels de la profession » ou usagers de l’information.

Si cette dernière est un bien public, l’information doit être régie par quelques règles dont l’expression doit être assurée par l’État au service de l’intérêt général.

Au service de l’intérêt général

À peine lancés, les états généraux subissent déjà la colère d’une partie de ma corporation. Les reproches sont légion : pas assez de journalistes dans les groupes de travail, pas assez de représentativités de lignes éditoriales, trop de professeurs de sciences politiques, pas assez de praticiens du terrain, pas assez de diversité. Gageons que les experts nommés sauront faire preuve de plus d’esprit critique que de critique de l’esprit pour apprécier l’espace informationnel.

Mais pourquoi tant de « haters » ? Le plus douloureux s’accroche sans doute à la préméditation de nuire à l’exercice inédit qui nous est offert en tuant dans l’œuf l’espoir d’un plan d’action que certains y placent. Participer aux États généraux de l’information est pour moi une responsabilité doublée d’un engagement au service de l’intérêt général, et non de l’idée que ma corporation se fait d’elle-même. Cet exercice de décentrage ne peut se faire que dans la confrontation des points de vue, la richesse des parties prenantes, la diversité des personnes auditionnés, une éthique de la discussion et surtout un gage de confiance qui s’appréciera à l’épreuve des faits.

Si nous mettions autant de cœur, de verve, d’ingéniosité à pagayer dans le même sens, nos petits optimistes gîteraient moins de la houle que nous leur occasionnons par nos rivalités obsolètes face aux défis qui nous traversent. Notre enjeu : contribuer à faire émerger des citoyens de l’information par la mise en lumière d’un espace informationnel garant du respect de l’expression démocratique.

Pour cela, nous avons besoin de toutes les contributions et donc des médias pour assurer les conditions d’un débat public.

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