FASHION REVOLUTION WEEK : Quels sont les entrepreneurs sociaux qui rendent notre garde-robe plus éthique ?

5 entrepreneurs qui transforment l’industrie de la mode !
Old lady sewing
Source: Old lady sewing

Mardi dernier 24 avril, l’industrie de la mode a revêtu ses habits de deuil. Il y a cinq ans jour pour jour, les ateliers de confection textile du Rana Plaza s’effondraient à Dacca (Bangladesh), causant la mort de plus de 1 120 personnes. L’accident, considéré comme le plus mortel jamais connu dans une usine de vêtements, a déclenché une crise éthique mondiale de l’étiquette et entraîné une prise de conscience des hommes derrière les mots « made in Bangladesh », « 100% coton » et « 1$ T-shirt ». Sur les étiquettes retrouvées au milieu des décombres, on a reconnu des noms : ceux des marques qui nous habillent.

Comment réagir à l’électrochoc ? Les entreprises et les gouvernements ont misé sur la transparence en partageant des informations sur les inspections d’usine, les projets de financement d’infrastructures et en contribuant à des fonds de solidarité venant en aide aux victimes. La société civile a pris la parole, à la manière du collectif Fashion Revolution, initiateur de la Fashion Revolution Week dans laquelle nous entrons cette semaine. Les consommateurs ont renversé la chaîne de production en interpellant les géants de l’industrie de la mode sur Twitter en usant du hashtag #whomademyclothes.

Désormais, il est temps de sortir de cette logique de réparation des dommages, souvent mêlée de culpabilité, afin de pérenniser ces précieux efforts. Pour transformer durablement le secteur, il semble que les solutions les plus innovantes proviennent d’autres acteurs : les entrepreneurs sociaux. Découvrez les approches de 5 Fellows Ashoka qui transforment l’industrie de la mode en une source d’opportunités à impact social et environnemental.


DONNER UNE VOIX AUX TRAVAILLEURS DU TEXTILE ... ET LA FAIRE ENTENDRE

Kohl Gill - Labor Voices (USA)

Kohl Gill a créé Labor Voices afin de remédier au manque de transparence entre les maillons de la chaîne de production de la « fast fashion ». Rares sont les travailleurs du textile qui parviennent à faire respecter leurs droits, alors même que les autres acteurs de l’industrie de la mode tirent des profits considérables. Labor Voices s’adresse à ceux que la délocalisation condamne au silence, aux grands oubliés de l’industrie de la mode, sur qui pourtant elle repose. En élaborant des études sur mobile, l’ONG récolte des informations en temps réel et de manière anonyme auprès des travailleurs et petits producteurs. Cette pratique du « sourcing éthique » permet d’établir un dialogue entre les marques et leurs sous-traitants et joue un rôle de lanceur d’alerte. Par ailleurs, en informant les travailleurs sur leurs droits, elle leur donne l’opportunité de choisir leurs emplois en connaissance de cause. Labor Voices est actuellement implantée dans plus d’une dizaine de pays et intervient auprès de plus de 40 000 travailleurs et 400 marques dans le monde entier. En savoir + sur Kohl Gill & Labor Voices

 


CREER DES SYSTEMES D'ASSURANCE POUR FAIRE RESPECTER LES DROITS DES TRAVAILLEURS

Ashila Mapalagama - Stand Up Movement Lanka (Sri Lanka)

Le mouvement « Stand-up Movement Lanka » lancé par Ashila Mapalagama au Sri Lanka représente une alternative aux syndicats de travailleurs classiques et hiérarchisés. En effet, son approche s’étend au-delà de la simple protestation contre les violations du droit du travail dans la mesure où elle vise à fournir aux ouvriers du textile les moyens d’améliorer leurs conditions de travail par eux-mêmes. En favorisant l’interaction entre ses membres, le mouvement garantit la défense de leurs droits grâce à une approche par le bas. Celle-ci se fonde sur la mise en commun des ressources, permettant à ses bénéficiaires d’accéder à plus de sécurité et de résilience. Ashila Mapalagama a notamment créé un système alternatif d’assurance appelé « Shahana » qui couvre les blessures professionnelles et les maltraitances, accorde des prêts d’urgence et fournit une aide légale. Stand up regroupe actuellement plus de 2 000 travailleurs et son modèle de responsabilisation des travailleurs en démultiplie l’impact de manière exponentielle. Stand-Up a également initié des efforts de plaidoyer auprès des acteurs publics pour faire évoluer les législations. En savoir + sur Ashila Mapalagama & Stand-up Movement Lanka


AMELIORER LES CONDITIONS DE TRAVAIL, PROTEGER LES MINORITES

Gabriel Rivera Zambrano – Altitud (Mexique)

Altitud convertit les ouvriers du textile en micro-entrepreneurs, à travers une démarche double. D’une part, l’ONG leur permet de développer leur activité à travers l’accès à une plateforme de micro-crédit, des partenariats avec des marchés internationaux et du renforcement de capacité. De l’autre, Altitud contribue à améliorer leurs conditions de travail en leur donnant l’opportunité de s’organiser en réseau et de mettre en commun les bonnes pratiques. Gabriel Rivera Zambrano transforme l’industrie du textile en lui conférant un impact social, notamment auprès des femmes qui représentent 76% des entrepreneurs accompagnés. L’ONG offre notamment aux mères célibataires de l’Etat de Nuevo León (Mexique) la possibilité de travailler depuis chez elles pour élever leurs enfants, contribuant ainsi à diminuer la délinquance juvénile. Les modèles alternatifs élaborés par Altitud sont durables dans la mesure où ils parviennent à être éthiques tout en répondant à la demande des marques internationales de mode. Plus de 500 entrepreneurs sociaux ont bénéficié d’un accompagnement, créant plus de 2500 emplois. En savoir + sur Gabriel Rivera Zambrano & Altitud


VALORISER LE RÔLE DES PETITS ENTREPRENEURS LOCAUX 

Adriana Marina – Animaná (Argentine)

Plus qu’une marque de vêtements, Adriana Marina a lancé un mouvement de mode durable qui repense chaque étape de la chaîne de production pour en inverser les règles. Depuis les producteurs de laine d’alpaga et de lama dans les Andes argentines, jusqu’à la boutique rue Saint-Placide (Paris), Animaná assure le respect des normes éthique et écologiques les plus rigoureuses et vise à faire évoluer les mentalités à grande échelle. Ainsi, elle joue un rôle d’exemple pour les grandes marques trop souvent dépendantes des fibres synthétiques polluantes en proposant une alternative : des fibres 100% naturelles. La démarche d’Adriana Marina découle de sa conviction intime qu’il est possible de faire de la mode un vecteur de développement économique durable pour des petits producteurs locaux. En les rattachant aux marchés internationaux, Animaná les replace au cœur de la chaîne de valeur et renverse la tendance, fondant la notoriété d’une marque de luxe sur le patrimoine lié à la production des matières premières. En savoir + sur Adriana Marina & Animaná


IMPLIQUER LES GRANDES ENTREPRISES

Nicole Rycroft - Canopy (Canada)

Fellow Ashoka depuis 2003, Nicole Rycroft a fait de la défense des forêts son cheval de bataille en créant Canopy, une ONG environnementale basée au Canada.  Canopy compte parmi ses partenaires 750 entreprises consommatrices de produits issus des forêts, tels que la rayonne et la viscose, utilisés dans la fabrication de vêtements. Elle travaille étroitement en partenariat avec les industries de l’édition et de la mode pour transformer leurs chaînes de valeur et ainsi protéger les forêts. Par exemple, grâce à un partenariat avec l'entreprise Raincoast Books, la première édition d’Harry Potter et l’Ordre du Phénix a été imprimée sur papier écologique de qualité, démontrant qu’il est possible de publier massivement, à l’échelle internationale tout en préservant l’environnement. Par ailleurs, Canopy noue des partenariats avec des géants de la mode tels qu’H&M, Zara ou encore Levi’s ainsi que des designers progressistes tels que Stella McCartney et Eileen Fisher afin de les aider à prendre en compte le respect de l’environnement à chaque étape de leur chaîne de production. En savoir + sur Nicole Rycroft & Canopy


Les initiatives portées par ces entrepreneurs sociaux ont vocation à être répliquées, multipliées et à inspirer à terme les grandes entreprises afin de transformer l’industrie de la mode en profondeur. Les entrepreneurs sociaux constituent les éléments-clés derrière l’initiative Fabric Of Change lancée par Ashoka, réseau mondial d’entrepreneurs sociaux, et la Fondation C&A pour rechercher, soutenir et accélérer les innovations visant une industrie textile équitable et durable. Cette initiative, d’une durée de trois ans, révèle le pouvoir et le potentiel uniques d’entrepreneurs sociaux et de leurs solutions pour transformer le monde de la mode dans l’intérêt général. Sur la base des innovations identifiées, Fabric Of Change a permis de révéler les obstacles et d’élaborer les principes qui permettront faire évoluer l’industrie du textile vers une force à impact positif et durable. 

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> > Participez au mouvement #FashionRevolution sur Twitter avec #WhoMadeMyClothes