Portrait : Claire Grolleau et Ecolo Crèche

Claire Grolleau Escriva - portrait
Origen: Claire Grolleau Escriva - portrait

 

 

Claire, peux-tu nous parler un peu de ta vie avant Ecolo-crèche ?

Enfant, je côtoie beaucoup de personnes qui ont réellement marqué mon rapport à l’environnement et qui ont influencé mes rêves : des enseignants passionnants et engagés, des explorateurs et aventuriers amis de mes parents. Notamment Christian Zuber, le réalisateur de « Caméra au Poing », ces documentaires animaliers parmi les premiers à parler au grand public de protection de la nature et de l'environnement, et qui reste une des figures marquantes de mon enfance !

Pour mes études, étant très  attirée par la découverte, je choisis une voie scientifique et me tourne vers la biologie moléculaire et cellulaire à l’université de Marseille. Je me spécialise dans la toxicologie de l’environnement, matière très peu connue du grand public mais qui me passionne : l’impact de substances sur des micro-organismes ou sur l’homme. Mais l’aspect recherche pure ne me suffit pas, je veux pouvoir appliquer mes connaissances et les transmettre …

Je débute ma carrière dans l’industrie chimique, et suis en charge de mettre en application des formules pour le marché européen, dans des substrats aussi variés que les peintures, les cosmétiques, le traitement de l’eau, et d’évaluer leur efficacité et leur impact sur l’environnement. Cela me plaît beaucoup, mais au bout de 4 ans, je quitte l’entreprise pour me lancer dans une nouvelle aventure : la création avec un ami botaniste d’une association d’éducation à l’environnement. Mais en 1998, l’Atelier Méditerranée à l’Environnement est trop avant-gardiste pour les acteurs que je vais démarcher, notamment les communes. Elles me disent de revenir plus tard avec le projet, lorsqu’elles seront prêtes.

 

Que s’est-il passé suite à ce premier écueil ?

Peu de temps après, j’ai mon premier enfant et le changement qui s’est opéré en moi à cette période a été décisif pour la suite : j’ai vécu une reconnexion aux choses essentielles et vitales, un regain de sensations enfouies de contact avec la nature que je partageais avec mon fils. Le contact du sable et des algues sur les pieds, mettre ses mains dans la terre, observer les cloportes… des choses que certains parents considèrent comme sale voire dangereux. 

Dans la crèche que j’ai choisie pour mon fils, je décide donc de proposer des ateliers de découverte et d’exploration de matières naturelles. Ces ateliers sensoriels avec des matériaux provenant de la mer par exemple, en phase avec les besoins et attentes des enfants de toucher, sentir, découvrir, ont eu un double effet : les rapprocher de l’environnement pour qu’ils le respectent mieux, mais aussi leur permettre de se construire en harmonie avec leur écosystème.

 

Quelles conclusions as-tu tiré de ce premier essai ?

Ces expositions à la nature, cette autorisation au « tâtonnement », vont bien au-delà des premiers objectifs qu’on s’était fixés, à savoir la découverte et le respect de l’environnement. Les ateliers aident les enfants à développer des compétences d’exploration et de coopération. Pour certains des enfants, les ateliers sont devenus une composante clé de leur développement et ont joué parfois le rôle de canalisateur d’énergie, pour une meilleure vie en groupe et une meilleure compréhension de leur l’écosystème. Ils avaient le pouvoir de désamorcer des situations difficiles chez les enfants, comme par exemple ce petit garçon de 2ans et demi qui ne sociabilisait avec aucun des autres enfants, et pour qui une sortie à la plage a été une véritable soupape qui l’a amené à s’intégrer dans le groupe. 

Cela a même déclenché de véritables vocations chez certains : j’ai des nouvelles aujourd’hui d’un enfant qui à l’époque avait été transformé par une expérience de plantation et de vente de plants de tomates et qui aujourd’hui suit une formation d’agriculteur !

Ce travail avec les enfants permet de leur donner des clés pour être dans l’écoute et la découverte de l’autre, l’empathie, mais aussi dans l’action et le « faire ensemble ». Des compétences au-delà du cognitif pur mais qui les aide même à maitriser plus facilement la lecture, l’écriture, et les placent en situation de réussite scolaire dans quasiment 100% des cas !

 

Et les parents dans tout ça ?

Effectivement un point crucial : il est indispensable d’engager les parents dans la démarche, qu'ils soient sensibilisés et en accord avec les méthodes pédagogiques. Sinon, les enfants se retrouvent en porte à faux entre la société d’hier et la société de demain. Il faut sensibiliser les éducateurs, les enseignants, mais aussi les familles, pour qu’elles comprennent le nouveau comportement de l’enfant et qu’elles aient les capacités de s’émerveiller et d’apprendre avec eux.

 

Ecolo Crèche - logo

Qu’est-ce qu’Ecolo crèche ?

Dans cette fenêtre de sensibilité qu’est la petite enfance, Claire Escriva Grolleau crée un environnement propice à la prise en compte de toutes les valeurs du développement durable en proposant « Écolo crèche » où elle forme les professionnels à des pratiques respectueuses de l’environnement et de la santé et sensibilise les enfants à la découverte de leur écosystème.

Depuis son lancement, Ecolo-crèche a labélisé 130 crèches sur un total de 11600 crèches en France. Avec des résultats positifs quantitatifs (économies d’énergie et d’eau de 25% et réduction des déchets de 20%) et qualitatifs (amélioration globale de la qualité de vie dans les crèches : baisse du taux d’absentéisme des professionnels de 40%, augmentation de la créativité des enfants).

L’objectif : faire du label Écolo crèche® la norme de fonctionnement des établissements d’accueil de la petite enfance.

www.ecolo-creche.org


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